Aujourd’hui, nous avons rendez-vous à Fontaine-Henry pour visiter un « château de la Loire égaré en Normandie ».
Ce joyau architectural normand appartient à la même famille depuis 800 ans et est toujours habité !
Nous avions déjà eu l’occasion de découvrir les lieux à travers les différentes visites et activités proposées :
balade nocturne à la bougie, escape game et fête médiévale.
Mais la visite des toits que nous nous apprêtons à suivre est une première.
Ils se visitent occasionnellement en compagnie du maître des lieux, le marquis d’Oilliamson, intarissable sur l’histoire de son château.
Lorsque le propriétaire mène la découverte de son domaine, elle prend la tournure d’une expérience unique, ponctuée d’anecdotes insolites et de petites histoires de famille.
D’ailleurs, le voilà !
Veste de Tweed, voix puissante, fière allure… le châtelain nous accueille sur le perron pour une visite « VIP » des toits et des exceptionnelles charpentes.
Une architecture complexe
Tout d’abord, on apprend que le château remonte probablement au XIe siècle. Mais c’est au début du XIIIe siècle qu’il s’impose grâce à deux seigneurs, Guillaume de Tilly et son fils Henri, qui lui laissera son nom. S’en sont suivies diverses transformations au fur et à mesure des siècles.
Au départ très sobres, les façades témoignent des remaniements apportés à partir de 1497 par Jean d’Harcourt, seigneur des lieux et lieutenant du roi. Fenêtres à meneaux, ornement de feuillages frisés, médaillons, pilastres décorés d’arabesques… les influences des styles gothique flamboyant et Renaissance offrent un résultat époustouflant. L’une des tours carrées est particulièrement remarquable par ses moulures.
Les combles très élevés et la cheminée colossale dominent tout l’édifice. Depuis la cour du château, on apprécie la hauteur des toits, supérieure à celle de la façade qu’ils coiffent !
Avec le sourire, le marquis nous lance :
« Le château de Fontaine-Henry est classé au titre des Monuments historiques en 1924. Certains de nos visiteurs, notamment les Nord-Américains, me regardent un peu moi-même comme un monument historique ! »
Nous ne pouvons réprimer un sourire.
Un château dans la famille depuis 8 siècles
« Depuis sa construction, le château n’a jamais été vendu ! », explique fièrement le châtelain. Transmis de génération en génération, plusieurs noms s’y sont succédés dont l’illustre famille d’Harcourt, très puissante et proche du Roi de France.
Avant d’entrer dans le château, le marquis d’Oilliamson nous fait découvrir le parc et notamment la jolie petite chapelle du XIIIe siècle, de style gothique primitif. Construite à l’occasion d’un mariage dans la famille d’Harcourt, on se plait à imaginer l’ambiance de l’époque : les jeunes époux, la musique, les belles robes…
Ensuite nous nous baladons au milieu des plantes colorées et parfumées du jardin médical inspiré d’Hildegarde de Bingen. Ancêtre des naturopathes, cette religieuse du XIIe siècle était une guérisseuse qui considérait les aliments, les tisanes et la musique comme essentiels à notre santé.
« Ah ! je tiens absolument à vous montrer la salle des Gardes avant de continuer la visite. »
Située sous le château, cette salle du XIIIe siècle présente un ensemble de piliers imposants et des voûtes sur croisées d’ogives. Elle a servi de refuge aux habitants de Fontaine-Henry lors du Débarquement allié le 6 juin 1944.
Les intérieurs
Nous entrons dans les salons du rez-de-chaussée. Le mobilier qui nous entourne nous plonge dans le passé : meubles de style de Louis XIV à Louis-Philippe en passant par Louis XVI, bibelots, gravures, argenterie et porcelaines d’époque.
Les murs sont couverts de tableaux dont certains sont signés de noms prestigieux comme Rubens, Rigaud ou le Titien.
Avant de monter dans les étages, le propriétaire nous confie : « il n’y a pas un seul vrai étage mais 52 niveaux différents ! »
Dans un escalier à vis, le marquis nous demande de prêter attention à des impacts de balles. Des vestiges de la Seconde Guerre Mondiale ! Pause photo oblige.
Les toits et les charpentes
La visite continue par l’ascension vers les toits et leurs incroyables charpentes. D’une hauteur vertigineuse de 16 mètres, les toits sont parmi les plus hauts de France ! Nous nous tordons le cou pour admirer le travail des charpentiers et des couvreurs.
Par une petite lucarne, nous avons une vue plongeante sur le parc boisé. La chapelle parait si petite vue d’ici.
Nous terminons cette visite par un verre de l’amitié depuis le toit-terrasse.
La vue sur la campagne verdoyante est imprenable.
Le cocktail est un subtil mélange de… non ! je ne peux pas en dire plus !
Il s’agit là d’une recette concoctée par le marquis lui-même.
Le secret restera bien gardé. Nous prolongeons ce moment convivial pour poser encore quelques questions à notre guide passionnant.
Nous repartons des anecdotes historiques plein la tête et avec le sentiment d’avoir partagé un moment très privilégié avec le châtelain.
« Je ne me considère pas comme un propriétaire, mais comme un témoin, et un transmetteur. J’ai chaque année la possibilité de partager, directement ou indirectement, les beautés dont je suis responsable et comptable, avec des milliers de visiteurs, curieux, admiratifs, étonnés, intéressés. »
Le marquis d’Oilliamson
Contact
La visite des toits et des charpentes est proposée chaque dernier dimanche du mois de mai à septembre.
Je réserve une visite des toits.
Expérience vécue par Mathilde
Crédits photos : Sabina Lorkin, François Dupont, Clarisse Patrix, Brigitte Haize, Photo 911-Calvados Attractivité